Rag Bag Cabaret
Je suis un homme blanc hétérosexuel cisgenre et je suis allé voir un cabaret 18+ seul dans le cadre du
Zoofest. Voici mon histoire...
Il faut préciser, tout d’abord, que je n’avais aucune idée de ce que j’allais voir. J’ai vu sur le site web
du festival l’image promotionnelle colorée du spectacle ainsi que le nom « rag bag » qui me faisait
brièvement penser à un mets coréen à base de pieuvre. Cela m’a donné un sourire en coin et ce fut suffisant
pour me convaincre d’y assister. Je sais, je suis facilement impressionnable.
Donc, j’arrive au spectacle, Crocs à mes pieds pour supporter les hautes températures de l’été, et je
constate que tous les gens dans la salle sont là pour avoir du gros fun : une table se commandait des
shooters, d’autres festoyaient un anniversaire, et le couple assis à ma gauche chantait du Mario Pelchat à
tue-tête. Je comprenais qu’il fallait que je me dégêne un brin pour accoter l’énergie de la salle.
Quelques instants plus tard, le show commence. Sous un rythme de musique pop du milieu des années 2000
arrive sur scène la reine de la soirée; La splendide Rachelle Elie se déhanche sur scène, chante, raconte
des blagues et fait des tours sur elle-même par terre. Pense à n’importe quel verbe d’action dans ta tête,
Rachelle l’a probablement accompli dans les premières minutes de la soirée. Avez-vous déjà essayé de danser
le tango en portant des talons à aiguilles? L’animatrice de la soirée l’a fait, en dansant à la fois la
chorégraphie de la fille et celle du gars. Elle portait une grande robe rose style Cendrillon et jamais je
n’ai vu des cheveux aussi soyeux. D’ailleurs, j’aurais dû lui demander après le spectacle quel shampoing
elle utilise, dans le cadre de mes fonctions professionnelles bien sûr. Bref, à l’instant où elle est
apparue sur scène, le petit syndrome de l’imposteur qui régnait en moi est disparu, comme par magie!
Ensuite, après que Rachelle l’ait présentée, la première artiste de la soirée entre sur scène : une drag
queen portant une scintillante robe de soirée, qui interprète une des meilleures versions de Le temps des
cathédrales de Bruno Pelletier que j’ai entendues. Ses notes allaient tellement hautes qu’elles m’ont
presqu’autant donné le vertige que lorsque j’ai fait le Monstre pour la première fois à la Ronde en 2014. Je
ne sais pas quelle salsa elle a dégustée avant son numéro, mais elle devait être piquante à souhait. Et elle
a probablement mangé cette dite salsa à la cuillère, sans même couper le piquant avec des Tostitos : elle
était en FEU.
La drag queen termine sa prestation. Je crois donc finalement saisir la « vibe » de ce que je suis venu
voir : un cabaret classique contenant un mélange de numéros de chansons classiques du XXe siècle et de
danses spectaculaires. Disons que ce n'est pas dans cette soirée qu’on verrait un rappeur se lancer dans un
rap old school endiablé… On apprend à la dure qu’avec Rachelle Elie, nous sommes constamment surpris, parce
que le deuxième artiste fut, justement, un rappeur old school endiablé. Il chante vite, il a une bonne
prestance, il reprend les meilleurs rythmes des années 90 en y insérant ses propres paroles. Le résultat est
appréciable au même niveau que de manger un hot dog à 1$ dans le centre-ville de New York. La moutarde
baseball coulait à flot, nous avons tous apprécié. Même les imitateurs en herbe de Mario Pelchat à ma gauche
se dandinaient le bassin avec entrain. L’affaire était ketchup pour cet artiste ontarien (hihi).
La soirée a continué de nous surprendre au déchaînement des numéros. Le « meilleur magicien de Toronto » est
venu jouer dans nos esprits à l’aide de ses cartes. Ensuite, retour aux sources : une jeune dame a
interprété un numéro classique de cabaret, avec des paillettes, des paroles comiques et une danse
entraînante qu’une femme aurait pu balancer sur le capot d’un grand piano dans un film western des années
50.
À cet instant, on se demande le rapport avec le fameux « 18+ » mentionné en introduction de mon texte. Eh
bien, liseuses et liseurs, accrochez votre tuque avec de la broche, le 18+ était spécifiquement lié au
cinquième et dernier numéro de la soirée. C’est à ce moment que j’ai compris que le « burlesque », ça peut
être autre chose qu’un effet comique jouant sur l’exagération des traits d’un personnage.
Une femme entre sur scène avec un costume de Cruella d’enfer dans les 101 Dalmatiens : La perruque noire et
blanche, la longue robe de bal, le corset serré, les gants, le porte-cigare : tout y est. Puis, au moment où
la musique augmente en cadence, voilà cette demoiselle qui enlève graduellement ses vêtements, en commençant
par ses gants et ses souliers, puis poursuit en jetant sa robe et son corset. Je vous épargne les détails
ici au cas où certains d’entre vous lisiez ces lignes à voix haute dans un souper de famille au Dooly’s,
mais disons qu’à la fin du numéro on voyait beaucoup de peau.
Ce dernier numéro m’a fait constater à quel point mes voisins de gauche ont peut-être trouvé un peu curieux
le fait que je sois un gars venu assister seul à un strip-tease sous le thème d’un personnage Disney de mon
enfance, mais, je le répète : je ne pensais pas que c’était ça que c’tait avant d’apprendre que c’était,
effectivement, ça que c’tait.
La soirée était incroyable. Je dis un gros bravo à la splendide animatrice Rachelle Elie ainsi qu’à tous les
artistes qui ont performé. J’y retournerais sans hésiter. Bisous!
Écrit par Vincent Chrétien