« Pied de nez », Mathieu Quesnel :
Par où commencer? Il est tout d’abord primordial de mentionner que j’ai adoré ce spectacle. Il faut cependant s’attendre à être pris de court – ce spectacle ne plairait probablement pas à des gens qui ne sont pas habitués à l’absurde, à moins qu’ils soient un peu battés, mettons. Je tiens à préciser que j’étais complètement à jeun (excepté le fait que j’étais assez fatiguée), mais j’adore ce type d’humour.
Une ouverture… spiciale
Mathieu Quesnel ouvre le spectacle en prétendant qu’il est annulé, après avoir dansé masqué, sans rien dire. Nous le perdons donc de vu alors qu’il quitte la scène et nous laisse sur une vidéo dont le segment d’à peine quelques secondes, joue en boucle (segment : quelqu’un mange à la cuillère, directement du pot, de la mayonnaise). Peu de temps après son départ, Quesnel revient sur scène en nous saluant à la manière de la reine d’Angleterre, portant une perruque bouclée et un genre de drap attaché à son cou comme une cape.
Ça, c’était l’ouverture. De quoi de ben soft, tsé.
Inspiré de l’auteur Michel Tremblay ayant revisité « un vieux texte qui dormait au fond de ses tiroirs en le pimentant de réflexions sur sa situation personnelle », soit la pièce « Cher Tchekhov », Quesnel reprend ce procédé dramaturgique pour son propre spectacle. C’est ainsi qu’il fouille dans ses vieux disques durs et y trouve les perles constituant son spectacle – c’est-à-dire « plusieurs documents Word inaboutis, des répliques qui ne demandaient qu’à être pitchées à l’autre bout du monde, des tounes trop touchantes qui nous font tellement pleurer, des notes de mise en scène écrites par Jésus quasiment on dirait... »
Comme Mathieu Quesnel l’explique lui-même, il a concocté son spectacle en « crissant ça ensemble n’importe comment pour faire de cette performance l’accouchement tant attendu du réel artiste que je suis »… et ça marche! (????)
Blanche-Beige : la soeur laide malchanceuse de Blance-Neige que tout le monde haït
Vers la fin du spectacle, Mathieu Quesnel revisite le conte de Blanche-Neige. C’est à la lueur du mouvement #metoo et de la plus récente polémique autour du baiser non consenti que l’acteur se déguise en Blanche-Beige, la soeur « vulgaire, droguée, déglinguée » de la princesse. Commentant à chaque page l’histoire de Blanche-Neige, Blanche-Beige critique sa sœur qu’elle déteste en lui reprochant notamment d’exploiter ses amis les nains. Enfin, au-delà de Blanche-Beige, on compte plusieurs autres moments forts de la soirée. Mentions spéciales au toboggan cloué à une commode pendant ladite performance, le moment du drone qui passe trop près de nos têtes, les photos de pieds, les chansonnettes souvent malaisantes et l’imitation (presque) impeccable de Claude Poirier.
Renouer avec le « niaisage »
Renouant avec l’ancien-lui, pré-Conservatoire, Mathieu Quesnel se permet d’être fou et libre sur scène et de se rendre toujours plus loin dans l’absurde, tout en conservant étonnamment un certain sens avec le ton impressionnisme de la soirée. Dans cette performance théâtrale complètement déjantée qu’il voit comme un « laboratoire », l’artiste a l’impression de faire quelque chose qui le représente réellement, en plus de se permettre de jouer avec la foule : « C’est débridé, mais ça reste un travail de recherche, » explique-t-il. Comme son nom l’indique, le spectacle fait un Pied de nez à tout le monde qui se prend trop au sérieux, pour rappeler à toutous et à toutes « qu’on a le droit de niaiser. »
Définitivement, il s’agit d’un spectacle audacieux! Je suis excitée (et un peu apeurée, dans le meilleur des sens possibles) de voir ce que Mathieu Quesnel nous prépare pour la suite!
Écrit par Ève Labonté-Berthiaume