P-O Forget et son cousin

PO Forget et son cousin

P-O Forget et son cousin

25 juillet 2022, Monument-National

Les humoristes P-O Forget et Yannick de Martino ont présenté le 25 juillet, dans le cadre du Zoofest, leur spectacle P-O Forget et son cousin. Dans une performance remplie d’énergie (et d’absurdité, aussi), le duo parvient sans difficulté à entraîner le public dans leur univers singulier.

S’ils se décrivent comme étant en antibiose (qui est, « en biologie [la] relation entre deux ou plusieurs organismes qui s'effectuent au détriment de l'un d'eux », merci l’encyclopédie Universalis), les deux humoristes agissent plutôt en symbiose. À la fois similaires et complémentaires dans leur approche scénique, le duo forme un tout cohérent s’opposant parfaitement à l'absurdité de leur humour.

Excentriques à souhait

La désinvolture habituelle de Yannick de Martino se marie sans difficulté au style leste et aisé de P-O Forget, diplômé de l’École Nationale de l’humour en 2019. Tout au long de leurs numéros de stand-up, ils alternent sans gêne des positions cocasses dans lesquelles ils s’installent avec une lenteur volontaire: parfois couchés sur scène pour l’entièreté d’un numéro, tantôt assis l’un sur les pieds de l’autre, les deux humoristes parviennent à ajouter un aspect physique à leur spectacle qui se lie aisément à leur personnage scénique.

Devant une salle pleine, ils présentent à un public réceptif une panoplie de sujets éclatés: qu’ils soient en extase quant à la couleur des pénis de chien ou au succès de Ricardo qui s’est incrusté avec succès dans le milieu serré des passoires, le duo surprend par l’originalité de ses thèmes, qui sont généralement peu engagés politiquement.

Un choix rafraîchissant qui ne les empêche toutefois pas de parfois se permettre quelques commentaires (absurdes, bien évidemment) sur les stéréotypes basés sur l'ethnicité. Qualifiant l’homme blanc d’une espèce pire que les punaises de lit, Yannick de Martino et P-O Forgot se défendent d’être Blancs, implorant plutôt le public d’accepter leur différence (en tant qu’Italo-Irlandais à 5%) et de cesser de propager des stéréotypes injustes à leur sujet (comme que les Italo-Irlandais ont constamment des batteries dans leurs poches, et que ce n’est qu’une simple coïncidence que les leurs en soient pleines).

Pousser la fusion à son maximum

Pour le meilleur et pour le pire, la grande symbiose des deux humoristes les mène régulièrement à parler en même temps à la fin de leurs phrases. Si l’effet comique de cet unisson est souvent réussi, certaines blagues réussissent plus difficilement à toucher leur cible; sans surprise, la compréhension de certains mots et bouts de phrases se perd, surtout lorsque le duo hausse fortement le ton. Par exemple, lorsqu’ils descendent de scène, montent sur une table d’une des « victimes » de leur crowd work, poussant par le fait même un inconnu à prendre leur place sur scène, le moment s’annonce hilarant, considérant leur force à allier leur absurdité à leur crowd working. Dommage qu’une grande partie de leur improvisation se perde dans une cacophonie qui revient à quelques reprises lors du spectacle.

Néanmoins, ces quelques moments plus difficiles à comprendre sont constamment suivis d’autres segments hilarants, faisant de ce spectacle une réussite, et présentant au public un duo efficace et très prometteur.

Écrit par Roxanne Lachapelle