MES PREMIÈRES CHALEURS, MONA DE GRENOBLE
19 juillet 2022, Théâtre Sainte-Catherine
Après seulement un an depuis le début de sa carrière d’humoriste, Mona de Grenoble montait sur scène le 19 juillet dernier pour présenter son premier spectacle solo Mes premières chaleurs. La réussite incontestable de ce spectacle de drag semble promettre à l’artiste qu’elle risque de briller pour longtemps, et ce, bien au-delà de ses paillettes.
Roxanne Lachapelle
Malgré la jeune carrière de l’humoriste, c’est un tonnerre d'applaudissements et de cris qui l'accueille alors qu’elle traverse en talons hauts scintillants l’allée du Théâtre Sainte-Catherine pour monter sur scène, un shooter à la main. En constatant le fort amour que porte la foule d’une centaine de personnes envers Mona de Grenoble, il devient facile de comprendre pourquoi les billets du spectacle se sont vendus en quelques heures, et pourquoi deux supplémentaires ont été ajoutées à la programmation garnie du Zoofest.
MARGINALE, MAIS RASSEMBLEUSE
Se qualifiant elle-même de « matante sur le party », Mona de Grenoble salue affectueusement son public alors que Provocante, de Marjo, accompagne l’humoriste qui cale son shooter. En l’espace de quelques secondes d'improvisation, le ton est mis: ce personnage de drag dégage la provocation, la vulgarité (et peut-être aussi l’alcool), mais également une transparence et une grande chaleur indéniable. L’admiration que le public, visiblement conquis d’avance, lui porte semble grandir de blague en blague: l’entièreté de son matériel conquit la salle.
Durant un peu plus de trente minutes (ses quelques blancs de mémoire ayant écourté son spectacle), la co-animatrice du podcast Entre 2 lèvres est sans tabou et sans filtre. Qu’elle parle de son ancienne attirance pour Jésus lors de ses cours de catéchèse (notant la « sexitude » de ce « gars cut avec un V line et des cheveux longs [...] qui vit dans une grotte avec douze autres dudes qui trippent dessus »), de sa DivaCup réinventée en shooter ou du « PH du vagin d’une fille qui se goûte la noune », l’humoriste marie sans difficulté son humour cru et vulgaire à une originalité marginale qui lui est propre.
Malgré ce fort côté provocateur typique de la drag, Mona de Grenoble réussit à se faire grand public, amenant des sujets légèrement plus sérieux (mais toujours délicieusement ponctués de touches salées). L’élitisme des écoles PEI, les difficultés de la vie d’adulte, l’orientation sexuelle, les numéros de Mes premières chaleurs promettent de combler différents publics.
FAIRE PLACE À L’IMPRO
Après avoir terminé son matériel, Mona de Grenoble ne s’arrête pas là. L’artiste remonte sur scène et répond à des questions du public durant le dernier quart d’heure qui lui reste. Si le segment se veut principalement humoristique, il permet également d’en savoir plus sur le personnage de Mona de Grenoble, et sur Alexandre Ausset, dissimulé derrière une pléthore de paillettes.
L’humoriste réussit avec brio à improviser et à répondre aux questions - parfois un peu étranges, ce que Mona de Grenoble pointe et relève avec stupéfaction et humour - du public. Elle enchaîne les sujets de discussion: ses plus grandes inspirations, son amitié avec la drag queen Rainbow, son admiration envers Patsy Gallant, l’origine de son nom de scène (qu’elle déteste) et ne manque aucune occasion d'interaction avec son public, ramenant à multiples reprises (mais sans jamais forcer la note) des runnings gags improvisés qu’elle entretient avec la foule. Celle-ci lui accorde un standing ovation à la fin du spectacle, alors que Mona de Grenoble la remercie, avant de descendre de scène pour discuter seul à seul avec ses - déjà nombreuses - groupies. Une relation qu’elle poursuivra et réussira sans doute à continuer de faire grandir au fil de son succès qui semble assurément imminent.