Massacre à coups de paillettes

Massacre à coups de paillettes

Massacre à coups de paillettes

27 juillet 2022, Monument-National

À l’approche de la fin de sa programmation, le Zoofest a présenté le 27 juillet dernier Massacre à coups de paillettes, une pièce théâtrale humoristique écrite par Rosalie Gobeil et mise en scène par Caroline Somers. Tergiversant parfois à savoir si elle souhaite être sérieuse ou comique, la pièce séduit toutefois par sa distribution convaincante et ses thèmes pertinents.

C’est la fin de l’année scolaire dans l’école secondaire de Beloeil. Pour Sophia (Rosalie Gobeil), l’élève la plus populaire de l’école, l’approche du bal de finissants est synonyme de grandes préparations: son apparence et celle de son cavalier, Guillaume (Jean-Félix Benoit), le sportif de la cohorte, doivent être parfaites si elle veut être couronnée Reine du bal. Uniquement centrée sur elle-même, Sophia ment et manipule pour parvenir à ses fins et attirer l’attention, même si cela implique de constamment rabaisser Judith (Camille Desgagné), son amie.

Traitant d’intimidation, de relations amoureuses, d’estime de soi et surtout du besoin de plaire à tout prix, Massacre à coups de paillettes aborde des thèmes sérieux à travers son humour: un mariage prometteur, mais parfois maladroit.

Pousser les extrêmes

Les personnages sont volontairement très clichés, et la performance des interprètes reflète bien l’intensité de ceux-ci. Jean-Félix Benoit offre un jeu solide: de sa démarche, son ton et son rythme de voix incarnent brillamment un jock digne des Noah Puckerman et Danny Zuko de ce monde. Le texte, de Rosalie Gobeil, aide grandement sa performance: les fréquents (mais toujours surprenants) « GO BELOEIL! » et commentaires misogynes amplifient la caricature - voulue - du personnage.

S’il ne s’agit pas de son plus solide aspect, la pièce réussit tout de même à décrocher quelques rires au public du cabaret du 4e du Monument national. D’ailleurs, même certaines transitions entre les scènes sont comiques, entre autres lorsque Sophia ramasse au Swiffer les pizzas pochettes écrasées sur la scène au rythme d’une musique classique.

Rester sur sa faim

Massacre à coups de paillettes réussit à introduire des personnages éclatés et brillants, mais parvient difficilement à les développer. En guise de conclusion, la fin de la pièce montre les trois personnages au cégep: si Judith apprend l’importance d’une vraie amitié en cessant d’être amie avec Sophia (et par le fait même, cesser de subir l’intimidation que lui faisait vivre la Queen B de l’école durant l’entièreté de la pièce), aucun moment de la pièce n’explique ce revirement subit.

À l’opposé, Sophia ne connaît aucune évolution et reste aussi superficielle une fois rendue au collégial. Étant donné que la pièce présente les motivations derrière son besoin de plaire (Sophia se sent invisible aux yeux de ses parents) et que Sophia prend conscience après le bal qu’elle est souvent une mauvaise amie pour Judith, la conclusion de Massacre à coups de paillettes laisse à désirer: tout développement créé lors de la pièce ne mène nulle part, alors que d’autres personnages grandissent sans explication concrète.

Malgré tout, la force de ces protagonistes colorées et les passages comiques sont ce qui est mémorable de la pièce et font de Massacre à coups de paillettes une œuvre risquant fortement de plaire à un public adolescent.

Écrit par Roxanne Lachapelle